Fiche Hetzel

Pierre-Jules Hetzel (Chartres , 1814 - Monte-Carlo, 1886)

Fils d’un maître sellier et d’une sage femme, famille alsacienne. Il passe son enfance à Chartres et vient étudier au collège Stanislas à Paris grâce à ses bons résultats scolaires. Il fait des études de droit mais les interrompt pour pouvoir gagner sa vie plus rapidement. Il devient commis puis associé chez l’éditeur Paulin. Il reprend ensuite sa propre libraire où il n’y a que des livres religieux. Il diversifie le contenu de la librairie.

De 1837 à 1848, il est un éditeur romantique spécialisé dans les beaux livres illustrés (livres d’étrenne). Il publie des œuvres satiriques dont Scènes de la vie publique et privée des animaux (1840-1842)  tableau satirique de la société de la monarchie de Juillet dans lequel collaborent notamment Balzac, Musset, Nodier et lui-même (P. –J. Stahl). Le livre parait sous forme de fascicule toutes les semaines. C’est la première publication importante de sa librairie.

Il édite avec deux autres éditeurs la Comédie Humaine de Balzac de 1842 à 1848 mais il arrête faute de financement pour publier les fascicules à temps l’édition est reprise par Fume.

Il se lance ensuite lui-même dans l’écriture sous le pseudonyme de P. –J. Stahl. Il écrit un recueil de récits avec Musset, Voyages où il vous plaira (1843).

Hetzel a un goût prononcé pour l’illustration : en 1843 il lance une collection pour enfants de familles aisées  rupture avec les traditionnelles éditions catholiques pour enfants.

Deuxième publication importante de sa libraire : Le Diable à Paris (1844) (mêmes auteurs que Scènes de la vie publique et privée des animaux plus d’autres auteurs).

Il édite en parallèle des livres religieux pour assurer sa stabilité financière : il obtient le patronage de Mgr Affre pour avoir des ventes assurées mais cela cesse car l’évêque n’accepte pas les autres ouvrages que publie Hetzel. A partir de 1845, il est presque en faillite.

Il se lance en politique lors de la révolution de février 1848 : il est républicain, et a été collaborateur du National sous la Monarchie de Juillet. Il est successivement chef de cabinet de Lamartine au Ministère des Affaires étrangères puis de Bastide et de Cavaignac.

Après le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, il part en exil à Bruxelles en 1851. Il y édite les ouvrages des autres exilés français comme Proudhon et Hugo : les Châtiments, Les Contemplations, La légende des siècles, Napoléon-le-Petit en intégralité (qui fût publié dans une version édulcorée par un éditeur belge). C’est un échec car l’ouvrage parvient difficilement en France. En revanche, les Contemplations sont un succès financier. Il rentre en France en 1859 mais n’a pas gagné beaucoup d’argent en Belgique. De plus, de nombreux écrivains se sont liés à d’autres éditeurs (Hachette, Lévy…) pendant son exil et les contrats se font plus rares à son retour.

A Paris, en 1861, il publie La Guerre et la Paix de Proudhon ainsi que la correspondance de Maurice et Eugénie de Guérin.
Il avance de l’argent à Baudelaire pour qu’il constitue un recueil de poèmes à publier mais le contrat est rompu. En 1861, il édite également les Contes de Perrault illustrés par Gustave Doré.

Jules Verne et Hetzel débutent leur coopération en 1862 avec l’édition de Cinq semaines en ballon, le premier des 56 Voyages extraordinaires. L’ouvrage remporte un franc succès et conduit à l’établissement d’un contrat entre l’éditeur et l’auteur. Les ouvrages de Jules Verne sortent ensuite chaque année dans de belles reliures et dans des reliures populaires et connaissent un grand succès grâce à la publicité notamment. Hetzel suit étroitement le travail d’écriture de Jules Verne pour perpétrer le succès en faisant de nombreuses suggestions d’écriture (style, déroulement de l’intrigue, personnages…).

A partir de 1863, succès de Romans nationaux et des suites  littérature romanesque emprunte d’idéaux républicains.

A partir de 1864, il crée une nouvelle collection de livres pour enfants, éducatifs et récréatifs, de vulgarisation scientifique pour s’opposer à la littérature catholique. Jean Macé et Jules Verne y écrivent. Dans le même temps, il lance un magazine, le Magasin d’éducation et de récréation destiné aux enfants et à leur éducation. Jules Verne y collabore ainsi que Macé et Hetzel lui même.

Il édite la version populaire des Misérables en 1865  consolation car il n’avait pas pu éditer la première version faute d’argent. Il édite aussi des auteurs débutants qui le quittent vite pour d’autres éditeurs : Daudet, Mendès, Zola  Hetzel est un détecteur de talent.

Tout au long de sa carrière, il publie régulièrement des livres d’étrennes dans de nombreuses disciplines démontrant son ouverture d’esprit et sa curiosité intellectuelle (sauf en ce qui concerne l’école naturaliste à laquelle il est réfractaire).
Son œuvre littéraire, élaborée sous le pseudonyme de Stahl, est emprunt d’idéalisme avec un sens pratique et de l’humour (Théorie de l’amour et de la jalousie, 1853).
C’est aussi une bon auteur de littérature enfantine : qualité littéraire de ses ouvrages qui divertissent les enfants en faisant appel au merveilleux et qui les forment et les éduquent (Les patins d’argent (1875), Maroussia (1876)).
Malgré la célébrité de ses auteurs, Hetzel à la fin de sa vie a gagné beaucoup moins d’argent que ses concurrents comme Hachette ou Lévy. Tout au long de sa carrière, Hetzl a été en difficulté financière, obligé d’emprunter. Ces difficultés provoquent certaines inimitiés, avec Hugo notamment et avec les imprimeurs, qui sont payés avec beaucoup de retard. Hetzel a souffert dans son activité d’un manque d’esprit de gestion et d’un manque de rigueur. Il publie en fonction de ses affinités et de ses goûts et non en fonction de sa rentabilité future.