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Fiche Esterhazy

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Message  Diane Mar 5 Mai - 19:45

Affaire Dreyfus : le commandant Esterhazy (1847-1923)



Carrière dans l’armée

Ferdinand Walsin-Esterhazy est né à Paris le 16 décembre 1847.
Il est le fils d’un général mort des suites de la guerre de Crimée.
Il échoue à l’entrée de Saint-Cyr et s’engage alors dans l’armée pontificale puis dans la Légion romaine le 22 mai 1869.
En 1870 il revient au régiment étranger. Il est ensuite lieutenant dans les zouaves de 1871 à 1874, capitaine dans l’infanterie jusqu’en 1882 et il travaille à l’Etat-Major général où il traduit les documents en allemand.
Sa hiérarchie le signale en 1881 comme « n’ayant jamais fait une heure de service ».
Lorsqu’il est employé dans les services de renseignements algériens, il prend de nombreux congés pour des fièvres. En 1882, il est fait chevalier de la Légion d’honneur.

[Il épouse en 1886 la fille du marquis de Nettancourt-Vaubecourt]

En 1888, on lui refuse une mise en non-activité « à titre d’infirmités temporaires » et c’est à ce moment qu’il commence à développer ses activités d’espionnage. Il demande d’ailleurs un poste dans l’Est au prétexte de la santé de sa femme et de ses intérêts matériels très sérieux en Lorraine.

Rôle dans l’Affaire Dreyfus

C’est lui le véritable espion au service de l’Allemagne et l’auteur du bordereau attribué à Dreyfus. Il est entré en contact avec l’ambassade d’Allemagne le 20 juillet 1894. Il a proposé spontanément des documents à Schwartzkoppen (ambassadeur) contre d’importantes sommes d’argent. Mais Esterhazy a essayé de l’escroquer, Schwartzkoppen se montre alors de plus en plus méfiant. Il rompt avec Esterhazy après de nombreux renseignements farfelus et un soupçon d’intoxication. Malgré ses activités d’espionnage, Esterhazy a cependant toujours été protégé par l’Etat-Major général même quand le colonel Picquart prouve qu’il est l’auteur du bordereau. Mais en 1897, une décision présidentielle le met « en non-activité pour infirmité temporaire ». Le 15 novembre 1897, Esterhazy est dénoncé publiquement par Mathieu Dreyfus. La presse nationaliste présente alors Esterhazy comme « la victime des Juifs ».
En janvier 1898, il est acquitté à l’unanimité du crime pour lequel Dreyfus a été condamné. Esterhazy se déclare alors prêt « à faire marcher l’Etat-Major » mais il est poursuivi pour fautes graves contre la discipline (notamment l’envoi en 1897 de missives au Président de la République assimilables à un chantage), fautes contre l’honneur et inconduite habituelle sur accusation du général Millet qui déclare qu’Esterhazy « s’abandonnait secrètement à toutes les violences que lui dictaient des passions aussi effrénées que coupables ». Cavaignac, ministre de la guerre jugeait d’ailleurs Esterhazy taré et potentiellement dangereux. Il est donc condamné d’une « mise en réforme pour méconduite habituelle » : il est notamment privé de sa retraite.

Exil en Angleterre

Esterhazy fuit alors en Angleterre en 1898. Il ne met plus jamais les pieds en France après 1899. Il arrive à Londres sans amis, sans argent et ne sachant pas parler anglais. Il fait des confidences à The Observer en disant qu’il a écrit le bordereau sous les ordres de Sandherr pour fournir l’ultime preuve contre Dreyfus déjà démasqué mais il dément ensuite car The Observer ne lui a pas versé son argent. Il publie ensuite chez Fayard Les Dessous de l’Affaire Dreyfus par Esterhazy. Il tire de l’argent de cet ouvrage mais une bonne partie part pour ses deux filles et son épouse dont il est en train de divorcer. Durant plusieurs années, Esterhazy sera obligé pour vivre de faire de nombreuses déclarations contradictoires, d’interviews, le tout publié dans la presse anglaise et française moyennant finance.
Dans Le Matin, il affirme définitivement qu’il a écrit le bordereau, obéissant à des ordres. D’ailleurs à Londres, il se fait payer pour réécrire le texte du bordereau.
Esterhazy est ensuite réduit à la misère, souffrant du froid, de la faim, de la maladie et pense même au suicide. Il fréquente le British Museum et élargit ses connaissances en histoire et en politique internationale. Il se lance ensuite dans le journalisme : il écrit de façon régulière dans La Libre Parole de Drumont, sous le pseudonyme de Sullivan, sur la vie londonienne et la politique anglaise il éprouve de l’hostilité dans ses articles envers l’Angleterre pour réconforter la xénophobie des lecteurs. Il était depuis longtemps en contacts étroits avec ce journal dont il était documentaliste en chef entre 1894 et 1897 et dans lequel il écrivait sous le pseudo de « Commandant Z ». Il collabore ensuite à L’Eclair et au Correspondant sous le pseudo de Smith puis pendant la Première Guerre mondiale, il adopte celui de Waverley.

Il s’installe en 1908 dans une petite ville, Harpeden, sous le nom de comte Jean de Voilemont avec une nouvelle femme. Il ne parle désormais plus de l’Affaire.

Il meurt dans la nuit du 20 au 21 mai 1923 (fausse date de naissance inscrite sur sa pierre tombale).

Il a eu une vie de traître, d’agent double, d’escroc, de joueur, de proxénète occasionnel, toujours en difficulté financière.

Diane

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Date d'inscription : 25/10/2008

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