Fiche sur le despotisme éclairé

Fiche technique : Le despotisme éclairé


En quoi consiste t-il théoriquement : Le despotisme éclairé correspond à un mode de gouvernement par lequel le souverain tente d’asseoir son autorité tout en s’efforçant d’intégrer les principes philosophiques « des lumières » dont les notions clefs sont la tolérance , la raison ,le progrès… Ainsi , il n’est pas étonnant de voir que des philosophes de l’époque ont rencontré et parfois même conseillé les despotes éclairés ( ex : Voltaire appelé auprès de Fréderic II de Prusse en 1750 , Diderot rend visite à Catherine II…).
Quelles applications pratiques ? : Le despotisme éclairé aboutit à des réformes qui sont synonymes de progrès. Les réformes concernent les principaux domaines de la société tels que l’agriculture , l’économie , l’industrie , la religion et l’ organisation de l’Etat .
Exemples de réformes : Joseph II , archiduc d’Autriche décide d’établir la « tolérance civile » qui stipule que chacun est libre de choisir sa religion. Ainsi , il réforme l’Eglise , réduit son champs d’action , décrète la fermeture de couvents. On parle alors de « joséphisme ».
Ces réformes ont pour but d’améliorer le bien-être de la population et vont dans l’intérêt de l’Etat . Considérant que les masses populaires ne sont pas assez éduquées pour que « le progrès pût partir d’en bas » (1) , le souverain assure la mise en œuvre de ces réformes par le biais d’une autorité forte. De fait , bien que le souverain prétende agir dans l’intérêt de sa population , cette dernière n’a aucun moyen d’exercer un quelconque contrôle sur le despote. Il s’agit la de la principale limite du despotisme éclairé. Les élites qui entreprennent les réformes sont essentiellement issues de l’aristocratie et de la bourgeoisie. En conséquence , les anciennes élites ( que sont la noblesse et le clergé ) mais aussi tout une frange de la paysannerie et de la population urbaine sont hostiles à ces réformes mais ne disposent d’aucun moyen pour faire entendre leur réticences étant donné que la place laissée à l’espace public est quasi inexistante en dépit du fait que les philosophes des lumières préconisaient des espaces attribués à cet effet afin de voir se développer une opinion publique.
Les despotes éclairés : Le courant philosophique des lumières est un mouvement européen. Cependant ,le despotisme éclairé est un phénomène qui concerne principalement les pays de l’Europe orientale. Ainsi , au XVIIIe siècle , plusieurs Etats européens de l’Est ont à leur têtes un despote éclairé :
Catherine II, impératrice de Russie s’est distinguée par sa réforme de l’administration.
Fréderic II , roi de Prusse entreprit une réorganisation de ses Etats en les dotant d’une administration moderne. Il incarne le modèle du despote éclairé. Il affirme être le premier serviteur de l’Etat et est entièrement dévoué à sa fonction. Cela se traduit notamment par son omniprésence et son omnipotence dans tous les domaines qui concernent son royaume. Il véhicule également l’idée que le roi est « un homme comme un autre » marquant ainsi une rupture avec l’origine sacrée du pouvoir des monarques.
Joseph II , archiduc d’Autriche abolit le servage et pratiqua une politique de contrôle à l’égard de l’Eglise.

Quelques dates à retenir :
*1740 : Avènement de Frédéric II de Prusse.
 *1752 : Avènement de Catherine II de Russie.
 * 1781 Édit de tolérance proclamé par Joseph II.
    
    Bilan du despotisme éclairé : Le despotisme éclairé donne lieu à une interaction entre les philosophes et les souverains qui exercent le pouvoir dans leur pays respectifs. En conséquence , les philosophes voient l’esprit des lumières diffusé à travers des réformes audacieuses et les souverains parviennent à rationnaliser l’Etat et les origines de leur pouvoir. Cependant, des nuances doivent être apportées. En effet , nous l’avons évoqué précédemment , certaines pratiques qui découlent du despotisme éclairé entrent en contradiction avec l’esprit des lumières. Par exemple , Catherine II via sa réforme de l’agriculture étend le servage. Ces contradictions sont telles que Voltaire reviendra « déçu » de son voyage en Prusse.