Fiche sur Londres (du livre de David Colon)

Londres

- Londres est, au XIXe, la plus grande capitale européenne
 Tout au long du siècle, sa population augmente à un rythme régulier, et la ville s’étend par lotissements successifs, le foncier étant la propriété de quelques grands propriétaires aristocratiques
 En 1801, elle a presque 1 millions d’habitants (10.7% de sa pop)
 En 1850, sa population dépasse 2,5 millions d’habitants (15% de la pop)
 Entre 1861 et 1901, sa pop passe de 3.2 à 6.5 millions d’habitants.
 En 1911, Londres compte plus de 7 millions d’habitant (1/5 pop du pays)
 L’attraction qu’elle exerce sur les migrants (britanniques, mais aussi Irlandais et, à la fin du siècle Juifs polonais ou russes), s’explique par la croissance d’un ensemble varié d’industries et la situation de Londres
 La ville se trouve au centre d’un réseau de communications denses vers l’intérieur du pays, e au cœur du commerce maritime mondial (le port de Londres s’agrandit sans cesse et se dote d’une administration centrale dès 1907)
 A partir de l’inauguration du Stock Exchange en 1802, la Bourse de Londres se développe rapidement ; on inaugure en 1851 le premier télégraphe et la fondation en 1858 d’une agence de presse par Julius Reuter garantit la suprématie des britanniques sur l’information économique et commerciale.
 L’industrie emploie un londonien sur 5 en 1861, et son essor est accru par l’amélioration des transports : Londres compte 15 gares en 1899 (King Cross, Saint Pancréas, Paddington) et a inauguré en 1863 le premier métro du monde. En 1809, lancement des autobus impérial.


- Au début du XIXe siècle, un plan public de développement urbain est confié à John Nash, en vue de doter le West End de vastes avenues, comme Regent Street, achevé en 1823.
 Trafalgar square est aménagé dans les années 1830. En 1836, John Barry achève le Parlement de Londres
 L’urbanisme privé se poursuit également : Thomas Cubitt réalise une série de nouveaux quartiers (Pimlico, Belgravia)
 L’inauguration du Crystal Palace en 1851, consacre ce renouveau architectural : ce bâtiment, réalisé par Joseph Paxton pour abriter la première exposition internationale, symbolise la grandeur et la modernité de la ville de Londres.
 A côté de ces quartiers modernes, le vieux Londres
 est surpeuplé, en particulier l’East End (on compte plus de 50 000 logements au mètre carré à Whitechapel et à Shoreditch).
 Le surpeuplement s’accompagne d’une hygiène très mauvaise et d’une forte mortalité due à la propagation d’épidémies, mais aussi de la pauvreté (à la fin du siècle, plus d’un londonien sur 4 vit à la limite de l’indigence, enquête de Charles Booth sur l’East End)
 Ces quartiers connaissent une violence endémique qui, même si elle n’est pas plus importante que les autres villes européennes, alimente les craintes et les fantasmes au sein de la société victorienne. La création d’une force de police par Robert Peel en 1829 (les « bobbies »), ne parvient pas à l’enrayer
 A côté des violences de bandes (celle qui oppose les Fitzroy Plate Lads et les Marylebone Lads et coûte la vie d’un jeune ouvrier en 1888), ce sont surtout les crimes de Jack l’éventreur, à partir d’aout et septembre 1888, qui retiennent surtout l’attention.
 Londres, en raison de ses bas fonds, de leur criminalité et de leurs vices, apparait comme une « Babylone noire » (Victor Hugo, 1882), immortalisé par les gravures de Gustave Doré et inspirant les peintres (Monet, série des Londres en 1872), aussi bien que les écrivains (Flora Tristan, promenades dans Londres, 1872).
 Malgré la création d’u Metropolitan Board of Works (1855), il faut atendre la loi de 1888, qui créé le conseil élu du comté de Londres, pour qu’une véritable politique d’hygiène publique soit menée. La société fabienne, fondée en 1884, y dessine les contours d’un socialisme municipal.

- Londres, tout au long du siècle, est aussi le lieu d’un important activisme politique
 La Grande Bretagne est en effet le pays des libertés individuelles et accueille à ce titre les exilés du continent, de Mazzini à Zola (après sa condamnation pour l’article « J’accuse ! », en passant par Karl Marx et Friedrich Engels.
 Le chartisme organise à Londres sa première convention (4 février 1839), l’interdiction de sa manifestation le 10 Avril 1848 marque la fin du mouvement.
 Marx et Engels y organisent en 1847 leur congrès communiste international, avant d’y publier, l’année suivante, le Manifeste du parti communiste. C’est du reste à Londres qu’est créée la Première Internationale, l’Association internationale des travailleurs (1864).
 A partir des années 1860, Londres est le théâtre de l’activisme puis du terrorisme des Fenians irlandais.
 C’est à Londres encore qu’est organisé en 1881 le premier congrès anarchiste.
 A la fin du siècle, la capitale britannique voit le mouvement des suffragettes organiser des manifestations pacifiques, d’abord en 1908, puis violentes (manifestations du 20 Novembre 1911)
 Le syndicalisme trouve aussi à s’exprimer dans la métropole britannique, au travers de la création en 1868 de la Confédération intersyndicale, mais plus encore des grandes grèves, comme celle des dockers (19 Aout 4 Septembre 1889), la plus dure que l’Angleterre ait connue

- Sur le plan international, Londres apparait comme le centre de la diplomatie européenne
 C’est à Londres qu’ont été adoptés les traités ou protocoles relatifs
 à l’indépendance de la Grèce (1830)
 à l’indépendance de la Belgique (1830)
 à la question égyptienne (1840)
 à la neutralité du Luxembourg (1867)
 à l’empire Ottoman (1877)
 au désarmement (1908)
 à la guerre balkanique (1913)
 Le rapprochement franco-britannique est marqué par la visite de Napoléon III à Londres, tandis que l’Entente Cordiale de 1904 est scellée par la visite d’Armand Fallières, président de la République, en mai 1908

- Les expositions universelles organisées à Londres à partir de 1861 reflètent la puissance politique et économique de la Grande Bretagne
 Après les fastes du mariage de Victoria avec le prince Albert de Saxe (1840), Londres est demeurée une ville où le commerce (Harrods, 1849) et les loisirs aristocratiques ont toutes leurs places.
 Ainsi, l’hôtel Savoy est inauguré en 1889. Dirigé par César Ritz, il contribue à faire de Londres une destination privilégiée par la haute société. La cantatrice Nelly Melba y a même laissé son nom à un dessert demeuré célèbre.