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Les grandes métropoles dans le monde avant 1914, l’exemple de Londres la « Ville monstre ».

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Message  Théophane Jeu 12 Mar - 2:35

Les grandes métropoles dans le monde avant 1914, l’exemple de Londres la « Ville monstre ».

"Merveilleux fouillis d'agrès, de vergues, de cordages ; chaos de brumes, de fourneaux et de fumées tire-bouchonnées; poésie profonde et compliquée d'une vaste capitale". Voici comment Charles Baudelaire décrit Londres à l’époque victorienne. Quand Victoria arrive sur le trône en 1837, Londres est déjà le cœur de l’Empire, le symbole de la puissance commerciale et coloniale britannique sans rivale. Connaissant une forte expansion démographique, Londres compte 2 millions d’habitants au début du règne de Victoria. En 1911, la métropole en compte plus de 7 250 000, soit 36% de la population de l’Angleterre et du Pays de Galles. Comment cette puissance de l’Empire Britannique rejaillit-elle sur la métropole ? En quoi Londres est-elle la première des métropoles modernes ?

I) Le cœur de l’Empire

Londres se nourrit des ressources et revenus des colonies. Ce phénomène est particulièrement perceptible avec la réorganisation que cette puissance a provoqué : construction de nouveaux moyens de communication, banques, commerces, monuments et statues à Westminster… mais surtout avec l’exposition universelle de 1851 où 2 millions de personne (parmi eux de nombreux provinciaux qui se rendent à Londres grâce aux chemins de fer) visitent le Crystal Palace afin d’admirer la modernité et la puissance du régime britannique.
Avant l’émergence de New-York, Londres est la capitale politique, financière et politique du plus puissant empire du monde.

II) La disposition spatiale de la métropole

Londres se caractérise comme étant une métropole suburbaine dont les banlieues ont pour unique but de répondre à la demande de logement et non à un plan immobilier : l’expansion démographique entraîne une expansion géographique. La ville ne cesse de s’étendre au-delà de l’ « inner city ». C’est ainsi que Londres est une ville éclatée unique en son genre. Entre 1837 et 1900, la population est multipliée par 3, la surface construite par 5. La ville se découpe en 3, en raison des classes sociales et des activités économiques :
- La City, le centre, devient commercial et se dépeuple peu à peu. Les banques et compagnies d’assurance succèdent aux habitations.
- L’East End demeure populaire et reçoit de nombreux migrants, main d’œuvre de l’industrie et qui s’entasse dans des quartiers déjà surpeuplés.
- Le West End émerge comme centre de l’emploi, du commerce, de la culture et du loisir. Sont construits des musées (Victoria et Albert Museum à South Kensington en 1850, Tate Gallery en 1897), des bâtiments publics à Whitehall, des collèges d’université, théâtres, boutiques…


III) Etre londonien avant 1914 : pauvreté et inégalités

L’expansion de Londres a mis en valeur la pauvreté qui subsistait dans certaines poches du centre, décrites par Charles Dickens par exemple. Ainsi, tout au long du XIXème siècle, Londres est le théâtre des inégalités sociales les plus radicales. Une minorité richissime côtoie l’ensemble hétérogène que forment les classes populaires. La population de Londres se divise entre les « happy few », riches élites aristocratiques, et une écrasante majorité de pauvres vivants dans des conditions sordides.
Parmi ces dernières, on remarque particulièrement les classes laborieuses qui deviennent de plus en plus importantes du fait de l’immigration (33000 arrivées en moyenne entre 1840 et 1870), la plupart venant des provinces anglaises et britanniques (Galles et Ecosse). Mais on peut distinguer d’autres catégories d’immigrés au XIXe à Londres. Les irlandais émigrent en masse vers Londres dans les années 1850 pour échapper à la grande famine, la plupart travaille comme dockers et vivent dans des conditions misérables : taudis de Notting Hill. Les juifs sont un autre groupe de migrants du fait des répressions antisémites en Pologne et en Russie. Ils pratiquent pour la plupart une activité commerciale (joaillerie). Enfin, on assiste à un développement de petites communautés européennes dans le West End (français, allemands). Londres est donc un important foyer d’immigrations au XIXe siècle.
Le travail est très dépendant des saisons à Londres : ainsi, on distingue la « saison de Londres » en été de l’Hiver ou le nombre de chômeurs et de travailleurs précaires devient très important. C’est ainsi que se produisent des émeutes pour le pain dans l’East End durant les hiver rigoureux ou le sous-emploi est particulièrement important comme en 1879, 1887 et 1891.
Les inégalités se traduisent sur le plan spatial : Les familles riches vivent dans de grandes maisons sur de grandes avenues, les plus pauvres dans des logements dans de petites rues étroites ou dans les « mews » (rue qui serve de desserte pour les voitures à chevaux). Les quartiers les plus pauvres sont le nord et l’East End, touchés notamment par le surpeuplement et l’alcoolisme (voir gravures de Hogart) selon Charles Booth, hommes d’affaires qui en 1890 met en lumière que 30% des londoniens vivent dans la pauvreté… Souvent perçues comme dangereuses et s’inscrivant dans la tradition criminelle de Londres, elles ont souffert d’un certain autoritarisme à leur égard (bagne flottant sur la Tamise).
La misère qui concerne autant les travailleurs domestiques de la West End que les ouvriers de l’East End. Cette pauvreté économique favorise les épidémies et les épidémies de choléra se succèdent (en 1853-1854 puis en 1866).


IV) La manifestation de la modernité

L’activité industrielle de Londres reste plutôt artisanal (pas de grandes usines comme dans le Lancashire ou le Yorkshire), l’exception résidant dans les chantiers navales, fierté des britanniques avec notamment le Great Eastern, plus grand bateau du monde lancé en 1857 mais un échec économique qui conduit à leur arrêt à la fin des années 1860 et dans les docks (Royal Victoria en 1855, Royal Albert en 1880). Dans les années 1880, quelques 100000 emplois étaient liés à la Tamise (docks et quais).
L’amélioration de la situation sanitaire: nettoyage des rues, curage et construction d’égouts (2000 km sont construits) qui eut pour malheureuse conséquence de polluer la Tamise entrainant la « grande puanteur » de 1858.
De nouvelles rues sont définies afin d’améliorer la circulation, la santé publique ou de lutter contre l’insalubrité. Le combat contre les taudis s’accélère dans le Londres victorien avec les lois de 1868 et 1875 pour les détruire, ce qui se fait au début du XXe pour construire les avenues de Kingsway et Aldwych, quartiers aménagés avec des immeubles administratifs et commerciaux, symboles de la puissance.
L’impact des chemins de fer : en 1850, les omnibus sont libéralisés, on en compte à peu près 800 bus à chevaux dans les rues de Londres, conduisant pour la plupart de la city à West End.
Dans la deuxième moitié du XIXe, de nombreux logements sont détruits pour construire des lignes de chemin de fer, financés par des industriels dans le but du transport des marchandises, notamment dans le centre (gares de Victoria, Liverpool, Waterloo). Les nombreuses lignes construites par les différentes compagnies concurrentes ont entrainé la mise en place de la « nouvelle route » avec un ensemble de gares (King’s cross, Saint-Pancras). Des ouvrages d’art sont aussi mis en place : ponts, tunnels. Cependant, le réseau londonien reste disparate et non unitaire et les temps de circulation entre les gares sont très longs à cause de la circulation. Sont alors mises en place des locomotives à charbon sous terre dés 1863 reliant les différentes gares. Elles rencontrent immédiatement un grand succès avec 25000 passagers par jour. De plus, sont construites des gares d’intérêt local pour desservir les banlieues permettant aux travailleurs d’aller travailler dans le centre londonien. Enfin, les tarifs réduits imposés favorisent ce flux de travailleur : en 1864, « tarifs réduits pour travailleurs » de la Great Eastern Company, en 1883, loi sur les « trains à bon marché » qui obligent les compagnies à offrir des tarifs réduits aux heures de pointe.
Il existe d’autres moyens de transports à Londres : les bateaux à vapeur sur la Tamise, qui disparaissent en 1880 au profit des métros. Les tramways à chevaux sont introduits dans les années 1870 qui remplacent peu à peu les omnibus. Les premiers trams électriques apparaissent en 1901 et les deux lignes nord et sud sont reliées en 1908. Enfin, le métro commencent à rouler en 1863 et s’étend peu à peu : mise en place du « tube » en creusant des tunnels à proximité du centre. La première ligne de métropolitain ouvre en 1890. Le tube améliore le trafic de passagers du centre et des banlieues.

V) La gestion de la métropole

La gestion de cette métropole en pleine expansion est un grand défi pour la GB. La volonté d’une autorité couvrant tout Londres rencontre un écho dans l’East End mais moins dans la West End en raison de l’opposition des paroisses ecclésiastique, qui géraient les affaires auparavant au niveau local et du parlement hostile à l’idée d’une autorité métropolitaine. Est d’abord créé le Metropolitan Board of Works (MBW) auquel succède en 1888 le London County Council (LCC). Cette instance avait des compétences importantes : contrôle des constructions, lutte contre les incendies, égouts, logement social… mais était concurrencée par les Boroughs (28 arrondissements ou communes)
La politique de logement social de la LCC donne un toit à 80000 londoniens entre 1890 et 1900, détruit les logements insalubres et les remplace par des immeubles collectifs.



Avant 1914, Londres est la ville-phare, capitale du monde et se situe à un moment de rupture entre le passé (âge de la voiture à cheval et de l’odeur du crottin) et la modernité (naissance des lignes de métro). Pouvant compter sur l’Empire britannique (bien plus que sur son hinterland), la puissance de la métropole semble assurée.


Bibliographie

ACKROYD Peter, Londres, Paris : Stock, 2003. 959 pages.
CLOUT Hugh, Histoire de Londres, Paris : Que sais-je ? PUF, 1999. 127 pages.
R.MARX et M.CHARLOT, Londres 1851-1901, l’ère victorienne ou le triomphe des inégalités.
- http://www.victorianweb.org/history/hist4.html
- http://www.britannia.com/history/londonhistory/viclon.html

Théophane

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Date d'inscription : 23/10/2008

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