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Message  Admin Mer 17 Juin - 1:15

Une lente amélioration de la condition ouvrière

- La condition ouvrière s’est améliorée parce que le salaire, en moyenne, a augmenté.
 Le mouvement amorcé sous le Second Empire a évolué irrégulièrement, il peut être différent d’une catégorie à l’autre, il est souvent contrarié par l’existence de périodes de chômage aux effets ravageurs, il constitue cependant une tendance de fond.
 Cette nouvelle conquête d’un mieux-être ne modifie pas l’insécurité de la condition ouvrière, phénomène essentiel qui creuse la différence entre l’ouvrier et le reste de la société.
 Confronté à un avoir dérisoire,
 à des chômages fréquents,
 à la perte du salaire à l’occasion d’une maladie ou d’accidents du travail très nombreux,
 l’ouvrier ne peut guère faire d’épargne, tout du moins à un niveau qui lui permette d’échapper à la hantise du lendemain.
 Les caisses de secours patronales, quoi versent des indemnités en cas de maladie, les caisses de retraite qui sont apparues dans les sociétés de chemins de fer, représentent certes un recours, mais ne protègent qu’une partie très imitée de la classe ouvrière.

- Dans le budget ouvrier, augmenté de nouveaux gains acquis au fil, des luttes, la dépense essentielle reste la nourriture dont la part varie de 60 à 70%.
 Le pain, qui est toujours la base de la nourriture, recule dans les dépenses au profit du vin et de la viande.
 A la Belle Epoque, le sucre, le café, le lait, des légumes plus facilement accessibles pour ceux qui possèdent un « jardin ouvrier », améliorent l’ordinaire.
 Pour soulager les difficultés quotidiennes, des coopératives de consommation ouvrières répondent aux économats patronaux.
 Limitées au départ à la création de boulangeries ou d’épiceries,
 elles se sont développées sous l’influence socialiste et offrent de nombreux services.
 Avec une alimentation meilleure, la santé ouvrière a progressé, surtout à Paris.
 On écartait encore du recrutement militaire en 1869, 17,9% des hommes du XIe arrondissement parce qu’ils n’atteignaient pas la taille de 1,60 m
 . Ils ne sont plus que 3,3% en 1903.
 Le réseau des dispensaires (24 à Paris) a amélioré les soins dans la capitale, en particulier pour les femmes en couches et les bains publics (c’est un effort des municipalités radicales et socialistes) ont fait progresser l’hygiène.
 Mais la tuberculose, la typhoïde, la diphtérie, la scarlatine, les rougeoles, font encore des ravages à Paris et surtout dans sa banlieue où l’eau courante est rare, et celle des puits polluée.
 A la veille de la guerre, à Paris, au moins un couple sur trois a perdu un enfant en bas âge.

- Dans leur budget, les ouvriers dépensent sensiblement plus pour se vêtir.
 L’importance nouvelle de la confection, des grands magasins, banalise le vêtement et fait reculer les manières provinciales et disparaitre la blouse chez un travailleur qui, hors de son travail, tend s’habiller en « bourgeois ».

- Un des signes les plus pénibles de la condition ouvrière reste le logement, qui distingue nettement l’ouvrier du reste de la société.
 Ce logement, mal éclairé, sans hygiène, et assorti d’un nombre dérisoire de meuble, est exigu (le quart des ouvriers parisiens vit dans une seule pièce)
 et mal équipé, ce qui contraint souvent à réchauffer ses aliments à la gargote.
 Et pourtant, ces logements sordides sont chers (plus de 230% de hausse à Paris entre 1900 et 1913) car il existe une véritable crise du logement populaire.
 Cette cherté du loyer explique l’instabilité de l’ouvrier dans la ville, ses déménagements fréquents, fait parfois à la « cloche au bois » quand on ne peut plus payer le loyer.
 L’haussmannisation a assuré à la bourgeoisie des conditions de logement très confortables, mais a oublié la construction de logements pour les ouvriers peu rentables. Ces derniers se sont accrochés au vieux tissu urbain, tant que leur travail était lié à la fabrique parisienne, imbriquée dans les rues au centre.
 Mais, au tournant du siècle, la crise des vieilles industries parisiennes, l’industrialisation rapide de la banlieue, provoquent un déplacement progressif de la population vers la périphérie de Paris et des grandes villes.
 Le phénomène est encouragé par l’apparition de nouveaux transports en commun, en particulier les trains de banlieue, les tramways,
 mais dans un premier temps ceux-ci restent chers et la décongestion des quartiers ouvriers de Paris est lente.
 Les nouveaux transports sont surtout accessibles aux employés qui, tout en travaillant dans Paris, décident d’habiter la banlieue proche, plus agréable que les vieux quartiers de la capitale.

- La banlieue, dont la population progresse trois fois plus vite que celé de la capitale, reste assez contrastée.
 A Saint-Denis, la population ouvrière représente 80% de la population totale, et accueille de véritables colonies de Bretons partis par villages entiers de Bretagne sous la conduite de leur recteur et habitant des « casernes ouvrières » dans un environnement délabré.
 A l’ouest, dans d’autres villes, Colombes ou Suresnes, la population ouvrière venue de la province ou parfois de Paris, coexiste avec une population de petits bourgeois, voire de paysans qui continuent à cultiver pour Paris.
 C’est seulement en 1894, avec la loi Siegfried qui créé les habitations à bon marché, que l’Etat commence par des encouragements fiscaux à intervenir dans le logement social.
 Mais elles restent gérées par le, privé et il faut attendre 1912 pour que les municipalités encouragent la construction locative et soient mis en place les offices publics d’HLM.

- Pour une autre partie de la classe ouvrière, celle qui habite les cités ouvrières des « villes usines », l’horizon est différent.
 Les grandes compagnies minières et métallurgiques construisent des cités dans lesquelles le patronat aide à devenir progressivement propriétaire d’une maison étriquée et d’un petit bout de jardin.
 Cet enracinement progressif est voulu par les entreprises pour fixer une main d‘œuvre volatile.
 L’acquisition lente d’une maison participe de toute une politique de contrôle social paternaliste qui prend en charge l’ouvrier,
 lui « offre » une école et une église,
 des moyens de promotion interne (le fils d’un ouvrier Schneider peut devenir ingénieur Schneider grâce aux seules écoles Schneider),
 subventionne les associations sportives et culturelles,
 et un système de retraite lié à une caisse d’entreprise gérée par le patronat.
 Si l’ouvrier quitte ce cadre, il perd tout. C’est pourquoi cet encadrement protecteur devient de plus en plus pesant.

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