Les ouvriers fin

Une culture ouvrière.

- A défaut d’une conscience de classe ouvrière, c’est probablement une culture ouvrière de la ville qui soude le mieux le monde ouvrier.
 Cette culture a été longtemps une culture de métier, elle est aussi une culture de quartier.
 Les ouvriers sont immergés dans un tissu populaire diversifié qui offre des possibilités de relations humaines variée.
 Cette vie de relations extérieures au foyer est souvent la conséquence de l’aspect répulsif des logements qui fait de la rue, du café, du cabaret, l’espace de sociabilité des ouvriers (on compte alors à Saint-Ouen un café pour 80 habitants).
 Au cabaret, on lit le journal et ses feuilletons, on commente les nouvelles, on fume, on boit, et on fait la fête ; parfois entre ouvriers venus d’une même région.
 Des banquets rythment la vie associative, banquets de militants, de fête corporative chez les mineurs, de carnaval ou de paroisse.

- Avec un modeste recul du temps de travail, les formes de loisir évoluent.
 Si l’ouvrier a été chassé des théâtres du centre ville trop chers, il se retrouve au café-concert, qui reprend les chansons à la mode.
 A Saint-Denis, les ouvriers peuvent se retrouver dans 20 bals et 4 cabarets.
 Boulogne, Puteaux, Saint-Denis… ouvrent des théâtres pour le peuple, où l’on joue Cyrano de Bergerac, mais aussi Germinal.
 L’engouement pour la bicyclette gagne une classe ouvrière qui découvre de nouveaux loisirs sportifs.

- Les bourses du travail se dotent de bibliothèques, une contre-culture ouvrière, encore timide, progresse
 et se nourrit des leçons des universités populaires, des idées des sociétés de libre-pensée, qui participent de la bataille contre le retour en force des œuvres et du patronage catholiques.
 La ville est donc le creuset d’une culture ouvrière qui est à la fois une culture républicaine, imprégnée des souvenirs de la geste révolutionnaire, mais aussi une contre-culture de classe qui affirme la spécificité des travailleurs dans la « citoyenneté » républicaine.