Les forces politiques pendant la Restauration

LES FORCES POLITIQUES PENDANT LA RESTAURATION


Sous la Restauration, il n’existe pas de parti politique au sens moderne du mot.
 Tout au plus se mettent en place des groupes d’hommes partageant un idéal et siégeant ensemble, parfois pour un temps ou sur des questions limités
 On peut toutefois distinguer trois grandes familles politiques, dont les choix politiques se font à propos de la Charte : trop révolutionnaires pour les uns, trop conservatrices pour les autres, d’autres enfin qui en acceptent les termes, jugeant qu’elle accorde l’essentiel

I] LES ULTRAS

- Les Ultra ont une doctrine contestataire
 Ils refusent l’héritage de la Révolution.et contestent la monarchie constitutionnelle
 Ce sont, dans la majorité des cas des aristocrates, des grands propriétaires terriens émigrés, spoliés de leurs biens et de leurs privilèges par la Révolution, ou encore une petite noblesse de province et une partie du clergé
 La pensée ultra puise son inspiration à travers une série d’ouvrages doctrinaires hostiles à la révolution, tels que les Réflexions sur la Révolution Française en 1790 de l’Anglais Edmond Burke, les Considérations sur la France de Joseph de Maistre en 1797, ou encore La théorie du pouvoir politique et religieux de Louis de Bonald en 1796.
 Ils ne comprennent pas la nécessité d'une constitution écrite (Les ultra sont ainsi souvent qualifiés de « plus royalistes que le Roi ») ; pour eux, il suffit de rétablir dans leurs privilèges noblesse, clergé, parlements et états provinciaux, dont les droits reconnus limiteraient l'arbitraire royal. Un retour à la monarchie, tempérée par le poids des grands corps privilégiés, tel est leur idéal.
 Ils s’opposent donc au roi : « Vive le roi quand même ! ». Ils constituent donc une force d’opposition par surenchère

- Leurs soutiens
 Le comte d'Artois, le futur Charles X, est leur homme
 François de La Bourdonnaye, le baron de Vitrolles, le comte de Villèle sont leurs chefs parlementaires
 La presse ultra est vigoureuse, éditée à grand tirage, et diffusée dans les salons de provinces. On peut citer La Quotidienne, La Gazette de France, Le drapeau blanc.
 Les plumes du romantisme naissant : Chateaubriand (De la monarchie selon la Charte, 1816), Vigny, Hugo, Lamartine, se mettent au service de l’ultracisme
 Des associations en principe secrètes, comme les chevaliers de la foi, et l’église, à travers la Congrégation, servent les desseins des partisans du trône et d’ l’autel

II] LES CONSTITUTIONNELS OU DOCTRINAIRES

- Au centre, les constitutionnels (groupe composite) acceptent la Charte parce qu'elle garantit les libertés et l'égalité civile et dresse un barrage devant les masses populaires, incapables, en raison de leur ignorance, de prendre part à la gestion des affaires publiques
 Leur objet, comme le définissait le futur duc Decazes, était de « nationaliser la monarchie et royaliser la France », par une application de la Charte et une coopération entre eux et le roi pour combattre les ultra-royalistes.
 Leur idéal était en fait de faire cohabiter un roi qui aurait loyalement accepté les acquis de la Révolution, et qui règnerait dans un esprit libéral, et une chambre élue qui l'assisterait de ses conseils. Elle devait être désignée par un collège électoral très limité
 Bourgeois riches et instruits, juristes, hauts fonctionnaires de l'Empire, universitaires, ils représentent l’accession des classes moyennes à la pratique politique qu’ils veulent réserver aux possédants
 Volontiers pontifiants, ces « doctrinaires » exposent leur point de vue dans Le Courrier français et Le Censeur
 Pierre-Paul Royer-Collard, François Guizot, le comte de Serre sont leurs principaux porte-parole parlementaires
 Ils comptent aussi Camille Jordan, Victor de Broglie, Prosper Brugière…

III] LES LIBERAUX OU INDEPENDANTS

- Rassemblement assez hétérogène d’anti-ultras, ils partagent
 Leur rejet de l’Ancien Régime, du drapeau blanc,
 Leur anticléricalisme
 Leur rationalisme des Lumières et leur amour pour la Raison et la Liberté

- Ce sont
 Des monarchistes parlementaires, comme Benjamin Constant, leur principale théoricien
 Des officiers de l’empire, comme le général Foy et des vétérans comme La Fayette
 Des républicains comme Manuel
 Des publicistes comme Paul-Louis Courrier qui dénonce les interventions du clergé dans la vie des villageois, et des chansonniers comme Béranger, qui dirige ces vers contre les Bourbons et le clergé

- Leurs journaux, La Minerve, Le Constitutionnel, plus tard Le Globe touchent la petite bourgeoisie, les médecins et les avocats, les commerçants, les hommes de loi et, dans les bourgs des campagnes, les acquéreurs de biens nationaux.

- Ils suivent la pensée économique de Jean-Baptiste Say,
 croient à l’initiative individuelle,
 craignent une réglementation excessive et les dérives dictatoriales.
 Ils veulent l’application de la Charte au pied de la lettre et donner tout son poids à la Chambre des députés




- Il existe, outre ces trois courants, un courant bonapartiste, alimenté par les vétérans des guerres impériales, réduits à demi-solde, et par une partie de la bourgeoisie qui lui doit la consolidation de ses pouvoirs. Ils ne peuvent s’exprimer publiquement, et lisent Le Nain Jaune, se procurent des médailles, des bustes à l’effigie de l’empereur, se retrouvent parfois dans des sociétés secrètes. La mort de Napoléon favorise l’émergence d’une légende dorée