Louis Hachette

Portrait d’un éditeur : Louis Hachette

Né le 5 mai 1800 à Rethel dans les Ardennes dans une famille de la bourgeoisie montante, il est le fondateur d’un empire dans le secteur de l’édition.

I) La naissance d’une vocation.

Admis au lycée impérial grâce à une bourse, il entre à l’Ecole Normale Supérieure en 1819. Il se destine alors à l’enseignement, une voie dont il ne se détournera jamais, mais doit abandonner sa vocation en 1822 après la fermeture de l’école par les ultras. Il se constitue néanmoins un solide réseau de relations avec notamment de nombreux hommes qui marqueront son siècle : Littré, Raspail…
Après sa sortie de Normale, il achète alors un fonds de librairie et se spécialise dans le manuel scolaire…

II) Un visionnaire dans une société en mouvement

Ce qui a permis le succès d’Hachette réside dans sa capacité à prévoir et à comprendre les changements de la société. En effet, malgré la succession des régimes politiques, Hachette discerne un mouvement général de la société : la soif d’apprendre et de savoir. Grâce à sa faculté à comprendre les mentalités de son époque, Hachette se positionne sur des marchés en devenir : ainsi dés 1828, il noue des contacts avec le ministère de l’instruction publique et se préoccupe des besoins de l’instruction primaire. C’est donc tout naturellement à lui que fait appel l’administration pour fournir les manuels scolaires aux communes, après le vote de la loi Guizot en 1833, ce qui marque le début de son succès.

III) La mise en place d’une industrie

Ce qui était au début un commerce se transforme rapidement en industrie. Par ses innovations, Hachette met en place un véritable monopole dans le domaine de l’édition, conforté il est vrai par ses relations.
Ainsi, il diversifie sa production et invente les collections : « la Bibliothèque variée », « la Bibliothèque des merveilles », « la Bibliothèque des chemins de fers » distribuées dans les gares, ainsi que des collections pour les enfants comme la « Bibliothèque rose »… Qui plus est, il participe à la standardisation des livres, profite de l’essor de la pub (distribution de manuels gratuits. Louis Hachette est présent du début à la fin du processus éditorial, de la conception de l’ouvrage à sa diffusion.
Plusieurs autres innovations lui apportent un avantage décisif : il invente l’office (envoie aux librairies un exemplaire de chaque parution avec la possibilité de lui renvoyer si elle n’était pas vendue dans l’année) mais surtout participe à l’essor de la culture de masse avec l’installation de librairie dans les gares (devenues les Relay). Il en obtient l’autorisation grâce à ses relations avec Eugène de Ségur qui lui demande en retour de publier les œuvres de sa femme.


Catholique pratiquant (fortement influencé par les milieux jansénistes ce qui permet d’observer la toujours grande importance de la religion au XIXème), Hachette est aussi un patron impitoyable (il fait travailler ses salariés toute la semaine entre 11 et 14h par jour) mais essuie quelques échecs : il refuse de publier Victor Hugo et ne répond pas à l’appel de Zola pour le renouveau de la littérature. Plus qu’un éditeur, il faut voir en lui un homme qui n’a eu qu’un objectif : l’enseignement et la vulgarisation de la culture afin de faire de chaque français un citoyen informé éduqué et ouvert sur le monde, dans la continuité de sa vocation première de professeur. À sa mort en 1864, son entreprise est devenue la première maison d’édition française ; elle est reprise par ses gendres.