Le chartisme
Triplette 24 de Sciences Po :: Conférences de méthode :: Avènement des sociétés et des régimes démocratiques
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Le chartisme
Le chartisme
En 1832, la réforme électorale (Reform Act) établit un système électoral censitaire au détriment des classes laborieuses. Cette réforme, en plus d’écarter les classes défavorisées du vote, n’a pas mis un terme à la corruption et aux violences accompagnant les élections. Pour les radicaux, ce n’était qu’une première mesure qui devait être suivie par d’autres alors que pour les auteurs du Bill, il s’agissait d’un point d’aboutissement. C’est de ce malentendu que naquit le mouvement chartiste, mouvement à la fois politique et sociale. Il est divisé entre une fraction dure regroupée autour d’O’Connor dans le Nord et d’une fraction londonienne plus modérée.
La charte du peuple
En 1836, deux artisans londoniens Francis Place et William Lovett fondent l’Association des travailleurs londoniens (London Working Men’s Association) et rédigent la Charte du peuple (People’s Charter). Elle se présente sous la forme d’une pétition en 6 points (= 6 revendications) à soumettre aux Communes :
- Le suffrage universel masculin
- Des élections annuelles
- Le scrutin secret
- Le découpage équitable des circonscriptions
- L’indemnité parlementaire
- L’abolition de la nécessité d’être propriétaire pour être éligible
Cependant, la Charte n’est pas présentée aux Communes en raison des nombreux délais. Finalement, la charte est présentée par ses auteurs lors d’un meeting à Glasgow devant 200000 ouvriers dans le but de rassembler des signatures de soutien. En un an, elle recueille 1250000 signatures. La chambre des Communes n’y fait toutefois pas attention, ce qui montre la faiblesse de la voie pétitionnaire.
Les grèves et émeutes
En 1839, après le refus de l’assemblée d’étudier la pétition, des émeutes éclatent à Birmingham et à Newport mais sont réprimées dans le sang faisant 14 morts dans la deuxième ville.
En 1842, alors qu’une grave dépression économique sévit, une deuxième pétition, qui recueille plus de 3 millions de signatures, est présentée par la branche la plus dure du mouvement mais est à nouveau rejetée. De nouvelles grèves éclatent notamment dans le Lancashire où ont lieu les « plug plots » (le complot des bouchons en raison de la pratique de briser les machines et de tirer les bouchons des réservoirs des machines à vapeur), 500000 personnes s’engagent dans le mouvement chartiste et furent réprimées avec la même énergie selon la volonté du duc de Wellington qui arrête de nombreux chartistes ( Feargus O’Connor). La révolution de février 1848 à Paris ranime le mouvement sur le court –terme mais tend à l’affaiblir sur le long-terme. Ainsi, le « socialisme » des révolutionnaires français effraie la classe moyenne britannique et tend à désorganiser le mouvement ouvrier. Les meneurs du mouvement, Feargus O’Connor en tête, organisent une procession à l’assemblée pour y déposer une nouvelle pétition. Le gouvernement choisit l’épreuve de force et barre la Tamise. Les chartistes envisagent alors la création d’une assemblée fantôme et demande à la reine Victoria la dissolution. Néanmoins, l’inorganisation et les divisions du mouvement minent cette assemblée qui s’auto-dissout. De plus, cette 3ème pétition, présentée avec, selon les défenseurs du mouvement, plus de 6 millions de signatures n’en a recueilli en réalité moins de 2 car de nombreuses étaient fausses ou fantaisistes (par ex : Wellington) ce qui contribue à décrédibiliser durablement le mouvement.
Autres mouvements du chartisme
Malgré la répression, les chartistes mettent en place plusieurs mesures en fonction des différents mouvements qui le composent : Temperance Chartism et la lutte contre l’alcool, Education Chartism qui fonde de nouvelles écoles, O’Connor envisage la propriétaire foncière pour les ouvriers. Cependant la compagnie fondée à cet effet sera interdite par le parlement.
Causes de l’échec du chartisme
Les divisions expliquent largement cet échec. Divisions entre tenants d’une ligne dure et ceux de la modération ainsi qu’entre les partisans de réformes ponctuelles et ceux de profonds changements sociaux. Par ailleurs, la base du mouvement est hétérogène : s’y côtoient travailleurs d’usine et ouvriers qualifiés voire membres de la classe moyenne. De plus, les émeutes sont toujours éphémères et limitées ce qui montre la réticence des partisans vis-à-vis de ce moyen d’expression. Enfin, les autorités mirent en place des forces de police locale et décidèrent une réduction du temps de travail afin d’étouffer le mouvement.
Postérité du chartisme
La fin du chartisme marque la fin de l’esprit révolutionnaire et contestataire de l’ordre social et le début de la réalisation de réforme dans le cadre démocratique ce qui confère une légitimité au pouvoir en place. On peut également observé que ce mouvement inachevé a une influence sur le marxisme et le socialisme par l’imbrication du politique et du sociale, et que tous les points de la Charte, à part celui sur les élections annuelles, furent adoptés par la suite et a ainsi contribué à la modernité du RU.
En 1832, la réforme électorale (Reform Act) établit un système électoral censitaire au détriment des classes laborieuses. Cette réforme, en plus d’écarter les classes défavorisées du vote, n’a pas mis un terme à la corruption et aux violences accompagnant les élections. Pour les radicaux, ce n’était qu’une première mesure qui devait être suivie par d’autres alors que pour les auteurs du Bill, il s’agissait d’un point d’aboutissement. C’est de ce malentendu que naquit le mouvement chartiste, mouvement à la fois politique et sociale. Il est divisé entre une fraction dure regroupée autour d’O’Connor dans le Nord et d’une fraction londonienne plus modérée.
La charte du peuple
En 1836, deux artisans londoniens Francis Place et William Lovett fondent l’Association des travailleurs londoniens (London Working Men’s Association) et rédigent la Charte du peuple (People’s Charter). Elle se présente sous la forme d’une pétition en 6 points (= 6 revendications) à soumettre aux Communes :
- Le suffrage universel masculin
- Des élections annuelles
- Le scrutin secret
- Le découpage équitable des circonscriptions
- L’indemnité parlementaire
- L’abolition de la nécessité d’être propriétaire pour être éligible
Cependant, la Charte n’est pas présentée aux Communes en raison des nombreux délais. Finalement, la charte est présentée par ses auteurs lors d’un meeting à Glasgow devant 200000 ouvriers dans le but de rassembler des signatures de soutien. En un an, elle recueille 1250000 signatures. La chambre des Communes n’y fait toutefois pas attention, ce qui montre la faiblesse de la voie pétitionnaire.
Les grèves et émeutes
En 1839, après le refus de l’assemblée d’étudier la pétition, des émeutes éclatent à Birmingham et à Newport mais sont réprimées dans le sang faisant 14 morts dans la deuxième ville.
En 1842, alors qu’une grave dépression économique sévit, une deuxième pétition, qui recueille plus de 3 millions de signatures, est présentée par la branche la plus dure du mouvement mais est à nouveau rejetée. De nouvelles grèves éclatent notamment dans le Lancashire où ont lieu les « plug plots » (le complot des bouchons en raison de la pratique de briser les machines et de tirer les bouchons des réservoirs des machines à vapeur), 500000 personnes s’engagent dans le mouvement chartiste et furent réprimées avec la même énergie selon la volonté du duc de Wellington qui arrête de nombreux chartistes ( Feargus O’Connor). La révolution de février 1848 à Paris ranime le mouvement sur le court –terme mais tend à l’affaiblir sur le long-terme. Ainsi, le « socialisme » des révolutionnaires français effraie la classe moyenne britannique et tend à désorganiser le mouvement ouvrier. Les meneurs du mouvement, Feargus O’Connor en tête, organisent une procession à l’assemblée pour y déposer une nouvelle pétition. Le gouvernement choisit l’épreuve de force et barre la Tamise. Les chartistes envisagent alors la création d’une assemblée fantôme et demande à la reine Victoria la dissolution. Néanmoins, l’inorganisation et les divisions du mouvement minent cette assemblée qui s’auto-dissout. De plus, cette 3ème pétition, présentée avec, selon les défenseurs du mouvement, plus de 6 millions de signatures n’en a recueilli en réalité moins de 2 car de nombreuses étaient fausses ou fantaisistes (par ex : Wellington) ce qui contribue à décrédibiliser durablement le mouvement.
Autres mouvements du chartisme
Malgré la répression, les chartistes mettent en place plusieurs mesures en fonction des différents mouvements qui le composent : Temperance Chartism et la lutte contre l’alcool, Education Chartism qui fonde de nouvelles écoles, O’Connor envisage la propriétaire foncière pour les ouvriers. Cependant la compagnie fondée à cet effet sera interdite par le parlement.
Causes de l’échec du chartisme
Les divisions expliquent largement cet échec. Divisions entre tenants d’une ligne dure et ceux de la modération ainsi qu’entre les partisans de réformes ponctuelles et ceux de profonds changements sociaux. Par ailleurs, la base du mouvement est hétérogène : s’y côtoient travailleurs d’usine et ouvriers qualifiés voire membres de la classe moyenne. De plus, les émeutes sont toujours éphémères et limitées ce qui montre la réticence des partisans vis-à-vis de ce moyen d’expression. Enfin, les autorités mirent en place des forces de police locale et décidèrent une réduction du temps de travail afin d’étouffer le mouvement.
Postérité du chartisme
La fin du chartisme marque la fin de l’esprit révolutionnaire et contestataire de l’ordre social et le début de la réalisation de réforme dans le cadre démocratique ce qui confère une légitimité au pouvoir en place. On peut également observé que ce mouvement inachevé a une influence sur le marxisme et le socialisme par l’imbrication du politique et du sociale, et que tous les points de la Charte, à part celui sur les élections annuelles, furent adoptés par la suite et a ainsi contribué à la modernité du RU.
Théophane- Messages : 8
Date d'inscription : 23/10/2008
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