Le vélo et le tour de France

Le vélo et le tour de France


- Invention de l’Allemand Karl Drais von Sauerbroon en 1017, le vélocipède ne prend son essor qu’à compter de 1861 (mise au point de la pédale par Henri Michaux), et plus encore à partir des années 1880 (introduction de la chaîne et du pneumatique).
 L’exposition de 1889 propulse la « reine Bicyclette » dans l’ordre industriel
 En 1897, on en fabrique 100 000
 La polyfonctionnalité de l’objet (sport, loisir, transport) lui assure un succès rapide et l’industrie du cycle devient un marché considérable où se distinguent les firmes Peugeot et Manufrance, qui commerciale l’hirondelle
 Le parc vélocipède progresse rapidement :
 50 000 vélos en 1890
 1 million en 1900
 3,5 millions en 1914

- Deux séquences sont repérables dans la période
 Un âge bourgeois d’abord, où la bicyclette séduit la classe dirigeante et classe des loisirs : aristocrates, snob, sportmen réunis dan le Touring Club de France (1890), jeunes bourgeoises qui voient là le moyen de sortir des carcans vestimentaires du temps
 Un âge populaire lui succède après 1900, à un moment où les élites se tournent vers la voiture.
 Le coût de la bicyclette s’abaisse considérablement. Elle devient accessible à l’employé ou l’ouvrier ; auxquels elle permet de se déplacer librement
 Essentielle pour se rendre à l’usine, elle est aussi l’instrument de la conquête des loisirs, le cadeau par excellence de l’adolescent, symbole de la jeunesse (« A bicyclette ! »).
 Essentielle dans les modes de vie et la culture ouvrière, la bicyclette signale ce moment où l’activité industrielle cesse d’être synonyme d’exploitation pour incarner aussi une espérance sociale.

- Ce succès du vélo est également porté par l’essor des courses et des spectacles sportifs.
 L’Union vélocipède voit le jour en 181
 Mais l’évènement décisif est l’organisation par le journal Vélo-Sport du premier Bordeaux-Paris en mai 1891, suivi par plus de 7 000 personnes.
 La consécration publique vient en Septembre 1891, lorsque Le Petit Journal organise le Paris Brest et le transforme en évènement national.
 La vogue des vélodromes s’empare du pays :
 On en construit 300 entre 1889 et 1890.
 Paris en compte 5 : le Buffalo, le vélodrome de la Seine à Levallois, la piste municipale de Vincennes, le vélodrome de la galerie des machines remplacé par le Vel d’ Hiv en 1910, et le Parc des Princes, destiné à recevoir l’arrivée des courses
 Ils s’imposent rapidement comme les lieux emblématiques de la fête et des kermesses populaires

- Mais c’est le Tour de France qui donne au spectacle vélocipède toute sa dimension.
 Créé en 1903 par le directeur de l’Auto et du Parc des Princes, Henri Desgranges, l’épreuve s’inscrit d’emblée dans une stratégie médiatique et commerciale
 Le principe est celui d’une course par étape qui ferait le tour du pays (2 400 km).
 Le succès est immense.
 Plus de 10 000 spectateurs suivent la dernière étape
 130 000 exemplaires de l’édition spéciale de l’Auto publiée pour l’arrivée sont vendus en 2 heures
 Suivi par un public de plus en plus exalté, la « grande boucle » s’impose comme un formidable évènement et une manifestation de l’héroïsme national.
 Le Tour de France a également une visée pédagogique, en rendant, selon le souhait de son promoteur, « la patrie visible et vivante », dans le prolongement du Tour de France par deux enfants de G.Bruno, mais également une visée patriotique, illustré par le choix des itinéraires qui longent le plus souvent des frontières.


(La popularité de l'épreuve est telle que le Tour manque disparaître dès 1904 : des spectateurs agressent les coureurs, le flou règne sur la course, les quatre premiers seront disqualifiés par l'Union vélocipédique de France, au grand dam de Desgrange. Dès lors, Henri Desgrange va régner en maître sur « son » Tour et en faire le sommet de la saison sportive. En 1905, la montagne (le ballon d'Alsace) figure au parcours ; en 1906, le Tour fait étape à l'étranger (Metz, alors en Allemagne). Les années suivantes sont marquées par la rivalité entre les groupes sportifs Alcyon et La Française. À partir de 1909, les concurrents sont répartis en deux catégories : groupés et isolés, une situation qui durera jusqu'en 1914.)