Triplette 24 de Sciences Po
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Retour en stock du coffret Pokémon ...
Voir le deal

Les philanthropes sociaux

Aller en bas

Les philanthropes sociaux Empty Les philanthropes sociaux

Message  Théophane Ven 24 Avr - 21:50

Les philanthropes sociaux en France avant 1914

En 1913, la fondation Rockefeller qui vient d’être créée déclare avoir pour objectif de « faire le bien-être de l’humanité à travers le monde ». Connu pour être un des philanthropes les plus importants de son époque, Rockefeller définit ici la mission du philanthrope : améliorer le sort de ses semblables de manière désintéressée. En France, l’avènement de la SI marque aussi le début de la figure du philanthrope. Qui est-il ? Que Fait-il ? Dans quel but ?

I) La figure du philanthrope

Désigné « héritier des Lumières », le philanthrope est un personnage exemplaire dévoué au bien-être de ses contemporains, un exemple à imiter, une sorte de « rôle social » proposé en modèle du fonctionnement harmonieux de la société.
Il se caractérise par quatre traits principaux. Son parcours personnel est reconstruit et mis en scène au moyen de récits hagiographiques de façon à servir d'exemple : chaque épisode de sa vie devient prétexte à une bonne action et prend sens dans la perspective d'une « vocation » philanthropique ancienne confortée au fil du temps. Ses pratiques philanthropiques elles-mêmes sont inspirées par un idéal de concorde sociale : à la pointe de la modernité en matière d'assistance, le philanthrope incarne la possibilité pour la société de résoudre les inégalités sociales grâce à l'action personnelle des plus dévoués de ses citoyens, en faisant ainsi l'économie d'un Etat trop puissant, même si les réalisations de celui-ci restent les bienvenues. Le philanthrope se caractérise également par la diffusion d'une morale de « fraternité sociale » et de la solidarité conçue comme le produit du dévouement de chacun. Enfin, l'image du philanthrope est elle-même modelée de manière à faciliter la diffusion du message social qu'il exprime : le recours à l'iconographie par le biais de médailles, de portraits ou de bustes va de pair avec le recours à certains symboles allégoriques.
A partir du XIXe en France, l'action des philanthropes pallie le manque d'intervention de l'Etat dans le domaine social (malgré la politique de Napoléon III contre la paupérisation). Alors que les pouvoirs publics s'engagent progressivement dans le champ de l'assistance, les philanthropes se voient obligés de réadapter leur action en fonction de ces nouvelles conditions. Si les œuvres charitables d'inspiration catholique restent longtemps défiantes à l'égard du régime républicain, certains groupements d'inspiration laïque qui naissent à cette période se donnent au contraire pour but de remédier aux inégalités sociales parallèlement à l'action de l'Etat.
Le philanthrope peut avoir différents visages : religieux (Ozanam) ou non (Marc Sangnier), de différentes religions (protestantisme, catholicisme), libéral ou socialiste… On distingue ainsi trois de ses pôles (l'évolution de la vieille Société philanthropique, déjà étudiée dans le premier tome, les oeuvres catholiques, les oeuvres libérales et protestantes, à travers l'exemple de la Société de la morale chrétienne).

II) L’action du philanthrope

Philanthropie qui a lgtps servi à désigner les pratiques d’assistance du premier XIXe dans une tradition marxiste, le terme est venu nommer l'action charitable (ou cruelle) d'une frange de la bourgeoisie sur le monde ouvrier, assurant par là la pérennité de sa domination ; dans les différentes histoires de la protection sociale, le mot a servi à désigner tantôt les origines de l'Etat-Providence, tantôt, à l'inverse, un stade archaïque de l'assistance, antérieur à sa double entrée dans l'ère de la science et de la législation publique
L e terme vient recouvrir un ensemble de techniques, intermédiaires entre l'intervention publique et la charité privée, assurant le contrôle et la surveillance des classes populaires. saisir les philanthropes là où ils œuvrent, les principales structures ou associations dans lesquelles se manifeste le travail philanthropique.
Trois domaines sont privilégiés : l'action sur la famille, l'élaboration et le développement du patronage, invention par excellence de la philanthropie, le domaine de la prévoyance, à travers les exemples des secours mutuels et de l'épargne. On peut aussi mentionner l’action sanitaire et de soin aux malades avec notamment les hospices de pauvres (conférence Saint-Vincent de Paul).

III) Les objectifs des philanthropes

Deux points de vue opposés et politiques :
- reproduction des élites et organisation destinée à la conservation du système capitaliste pour les socialistes-marxistes, le philanthrope cherche selon avant tout sa légitimation et à garder un contrôle dans le renouvellement des élites (en plus du prestige social qu’il procure).
- Pour les libéraux : volonté de réguler les problèmes sociaux. Association qui a pour ambition le progressisme (notion de progrès au centre de la philanthropie). Fondations philanthropiques qui servent donc à réguler les inégalités sociales nées de l’industrialisation sans intervention de l’Etat fédéral liberticide.

IV) Les limites de l’action des philanthropes

- les résistances grandissantes du monde ouvrier en formation, face aux pratiques d'assistance ; surtout, la naissance des associations de “masse”, à travers notamment l'exemple des oeuvres catholiques fondées sur la multiplication des adhésions et des cotisations d'un montant minimal.
- effets limités des pratiques charitables : des secours publics qui n'atteignent qu'une fraction des indigents, d'un montant souvent dérisoire, des secours encore restreints au fil de la période ; en matière de contrôle social : des associations petites (tant par leurs membres que par leurs donataires), peu concertées, peu efficaces. On est bien loin ici du contrôle social généralisé, de la police des familles ou d'une prévention réussie contre les “dangers” inhérents aux classes populaires.

Avec l’apparition des législations sociales et l’action de l’Etat, les philanthropes cherchent à se renouveler. En France, la reconversion est difficile mais on peut observer que les philanthropes des EU envisagent une expansion universelle : Rockefeller, Carnegie et les barons voleurs installent leur fondation éponymes dans des pays d’Europe ou d’Amérique du Sud.

Théophane

Messages : 8
Date d'inscription : 23/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum